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Epiphanie manifestation de la Miséricorde de Dieu pour tous
Mgr Albert-Marie de Monléon, o.p.
Saint Matthieu, pourtant si attentif à l'Enfant-Jésus et à l'accomplissement des prophéties en Jésus le Messie, ne raconte pas sa nativité. Après avoir décrit l'annonce à Joseph, à qui l'Ange du Seigneur, dans un songe, lui dit 'de prendre l'Enfant et sa mère, Marie' (Mt 1, 20), saint Matthieu narre immédiatement le récit de la venue des mages, des princes d'Orient. Ceci révèle l'importance exceptionnelle de l'événement (Mt 2,1-12).
Pour accueillir, dans la foi, l'importance de l'Epiphanie, cette manifestation de Dieu à tous les hommes, et pour pressentir toute la récapitulation humaine, terrestre et cosmique dans le Christ qu'annonce et signifie l'adoration des mages, il nous faut nous tourner vers la Vierge Marie. En effet, toutes les richesses qu'apportent les mages sont déposées aux pieds de Marie. Elle a dû accueillir ces présents, avec étonnement et un regard émerveillé. Son cœur doux et humble s'est sans doute ému en voyant ses princes et leurs brillants, -et probablement bruyants-, équipages. La Vierge Marie voit s'accomplir sous ses yeux la prophétie d'Isaïe (Is 60,1-6). Elle comprend que les promesses dans la Thora sont accomplies, que le Seigneur, en sa Toute-Puissance, a fait pour elle des merveilles, des choses inouïes, extraordinaires, Saint est Son Nom ! La mère de Jésus, vrai Dieu et vrai homme, exulte, car tous les rois de la terre et, avec eux, les nations, viennent se prosterner devant son Fils Jésus, et toutes les générations, depuis les temps anciens jusqu'à la fin des temps, la proclameront bienheureuse, car 'la Miséricorde de Dieu s'étend d'âge en âge' (Lc 1,50).
L'adoration des mages signifie qu'avec ces hommes, qui sont des savants, de 'grands personnages', ce sont non seulement toutes les nations qui sont appelées à se prosterner devant l'Enfant Dieu, mais tout ce que ces hommes représentent de richesses, de connaissances, de culture, de traditions ancestrales soigneusement conservées, de grands savoirs de sagesse et de science, dans l'ordre de l'astronomie, de l'observation de la nature, d'art, de gouvernance, de trésors d'humanité. Si la myrrhe figure l'amour et la souffrance, l'or et l'encens apportés par les mages symbolisent la science, les savoirs humains, les prouesses techniques, les civilisations, les pouvoirs politiques, l'art, toutes les richesses matérielles, économiques et humaines. Les mages, qui offrent ces présents à Jésus Enfant et se prosternent devant lui, révèlent que les nations, les hommes de tous les continents et de tous les siècles sont invités à tout remettre au Christ, à Le reconnaître comme Seigneur, Roi de Miséricorde.
Le signe de l'astre dont j'ai la faiblesse, et l'intelligence dans la foi, de croire qu'un événement de cet ordre s'est réellement produit, signifie que c'est tout l'univers cosmique qui reconnaîtra, un jour, son Seigneur. Tout est pour la glorification du Christ, car tout, au Ciel et sur la terre, a été créé en Lui, par Lui, et pour Lui 'Dieu, pour l'accomplissement de la Plénitude des temps a voulu tout rassembler sous un seul chef le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre' (Ep 1,10).
Enfin, l'épiphanie nous enseigne que c'est toute l'humanité qui est appelée à la filiation divine, à la vie divine. 'Les nations païennes, dans le Christ Jésus, sont associées au même héritage, au même corps, aux mêmes promesses qu'Israël, par l'annonce de l'Evangile' (Ep 3,5-6). Cela nous paraît à présent naturel, évident, mais, à l'époque de la naissance de Jésus, pour les Juifs, cette universalité du Salut, était impensable (cf. le fils aîné de la parabole de l'enfant prodigue et d'autres paraboles de Jésus). La fête de l'Epiphanie rappelle que la Miséricorde de Dieu est pour tous les hommes, de toutes nations, peuples, races et que chacun de nous, est invité, comme les mages l'ont fait, à se mettre en route, à chercher, désirer, servir la Miséricorde Divine.