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Béatification des dix neuf martyrs d'Algérie
Samedi 8 décembre 2018 à 13h à Oran
Samedi 8 décembre, le cardinal Becciu célèbrera, au nom du Pape François, la béatification des dix-neuf martyrs, décédés entre 1994 et 1996, pendant la terrible période de violence où de très nombreuses personnes, en Algérie, ont trouvé la mort.
Le cardinal Angelo Becciu, préfet de la Congrégation pour la cause des saints est chargé au Vatican de l’ensemble des processus de béatification et canonisation.
La célébration se déroulera à 13h à l’église Notre-Dame de Santa Cruz, à Oran.
C’est la première fois que l’Eglise procédera, dans un pays musulman, à une béatification de martyrs.
Cette béatification sera retransmise en direct sur ww.Ktov.com
Depuis la sortie du film Des hommes et des dieux, nous connaissons surtout les sept moines de Tibhirine. Ils étaient témoins de la Miséricorde de Dieu durant leur vie et ont donné leur vie par Amour de Dieu et du prochain.
Pourquoi cette béatification a-t-elle lieu à Oran ? Parce que, parmi les nouveaux bienheureux, la dernière victime de la violence est Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran. Le 1eraoût 1996, il venait de rencontrer à Alger le Ministre des Affaires étrangères venu de Paris pour recueillir des informations sur la mort des moines de Tibhirine. Au retour sur Oran, l’avion avait du retard, et Mohamed Bouchikhi, un jeune musulman de 21 ans, qui rendait souvent des services à l’évêque, l’attendait à l’aéroport. Dans son carnet personnel, on trouve des passages extraordinaires qui montrent à quel point Mohamed était conscient du risque qu’il courait en accompagnant Pierre Claverie : « Il [Pierre] sait qu’il va mourir, et moi aussi je sais bien que je suis menacé comme lui, à l’accompagner partout où il va. Il m’a dit la semaine dernière que c’était trop dangereux, qu’il fallait que je rentre chez moi. (…) Il a fait son choix, et le voilà conduit au seuil de la mort. Moi aussi, mon choix est fait, sans amertume et sans joie. Dieu sait bien que je ne veux pas mourir, que je ne veux pas faire de peine à ma mère qui a déjà tant pleuré, qu’il n’y a pas de joie à mourir quand on a vingt-et-un ans. (…) Il y a encore une autre prière que je veux te faire : si Pierre doit mourir, permets que je sois avec lui à ce moment-là. Ce serait trop triste que Pierre, qui aime tant l’amitié, n’ait pas un ami à ses côtés pour l’accompagner à l’heure de la mort. »
Pendant que Mohamed attend Mgr Claverie à l’aéroport, il ajoute dans son carnet : « La mort viendra-t-elle aujourd’hui, ou demain ? Nous verrons. Mais si je meurs avec Pierre, on retrouvera sur moi un petit carnet où je note mes pensées et mes prières. J’ai pris soin d’y dire adieu à tous ceux qui m’ont aimé, à tous ceux que j’aime. » (Extrait de Pierre et Mohamed, pièce écrite par Adrien Candiard, à partir des homélies de Mgr Claverie et du petit carnet de Mohamed Bouchikhi). Quelques heures plus tard, une bombe explosait et les emportait tous deux, tandis qu’ils entraient dans l’évêché d’Oran.