Le fil d'actualitéLe billet du moisLes visages de la MiséricordeDans l'église
Sous l'abri de ta Miséricorde, Marie
Mgr Albert-Marie de Monléon,o.p.
En ce mois d'octobre, mois du Rosaire, le pape François invite tous les catholiques, dans le monde, à prier, chaque jour, le chapelet, ainsi que le 'Sub tuum Sous ta Miséricorde' : Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers délivre-nous toujours, Vierge glorieuse et bénie et une prière adressée à Saint Michel Archange : Saint Michel Archange, défends-nous dans le combat, et sois notre protecteur contre la méchanceté et les pièges du démon. Que Dieu exerce sur lui sa puissance, nous t’en supplions ; et toi, Prince de la Milice Céleste, par le pouvoir divin qui t’a été confié, précipite au fond des enfers Satan et les autres esprits mauvais qui parcourent le monde pour la perte des âmes.
SOUS TA MISERICORDE
L'invocation à Marie, 'Mère de Miséricorde', nous la trouvons dans la plus ancienne antienne mariale connue, le Sub tuum - 'Sous ta Miséricorde'. Cette prière a été traduite en français, 'Sous l'abri de ta miséricorde', nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières quand nous sommes dans l'épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous toujours, Vierge Glorieuse, Vierge bienheureuse'.
Cette prière est importante pour quatre motifs :
Tout d'abord, par son ancienneté. En effet, on a découvert, en 1938, un fragment de manuscrit alexandrin comportant cette prière, que l'on date du IIIe siècle. La prière elle-même est probablement plus ancienne, car certainement priée oralement avant d'être écrite.
Ensuite, par sa beauté. Le Sub tuum 'Sous ta Miséricorde' s'ouvre en faisant appel, avec délicatesse, à la tendre miséricorde de Marie (1). C'est magnifique de voir que c'est sous ce vocable que les premières générations de chrétiens ont aimé avoir recours à elle, se réfugier auprès d'elle.
De plus, c'est une prière à la fois très populaire, liturgique, et théologique. En effet, cette invocation contient l'une des toutes premières mentions connues du titre de 'Mère de Dieu, Theotokos', et ce, plus de deux siècles avant la proclamation officielle de ce titre, lors du concile d'Ephèse (431). Deux autres titres éminents sont attribués à Maire, dans cette prière, celui de 'seule pure, (ou sainte)' évoque la virginité perpétuelle de Marie et 'seule bénie', qui renvoie évidemment à Lc 1,42, 'Elle s'écria d'une voix forte : 'Tu es bénie entre les femmes, et le fruit de ton sein est béni'.
Enfin, prière très répandue dans tout l'Orient chrétien - on la retrouve chez les Pères des IVe et Ve siècles -, elle fait partie, avec quelques variantes, du patrimoine liturgique romain, ambrosien, copte, syriaque, arménien et compte parmi les plus beaux tropaires des liturgies bizantine et russe. Largement répandue tant en Orient qu'en occident, avant que celles-ci ne se séparent. Cette prière est donc précieuse puisqu'elle témoigne de la dimension œcuménique de la Miséricorde.
Voici la traduction littérale, selon le grec, de cette antienne chantée, depuis des générations, dans les Eglise d'Orient et d'Occident :
'Sous ta tendre miséricorde
Nous nous réfugions, Mère de Dieu.
Nos prières suppliantes, ne les méprise pas dans notre infortune,
Mais du péril libère-nous
Toi la seule Pure (Sainte)
Toi la Seule Bénie'.
(1) En grec, Hupo tên sên eusplangnian. Eusplangnos se rattache à splangna (rahamin de l'Ancien Testament). 'Eusplangnos dans la langue chrétienne, c'est être tendrement miséricordieux et compatissant', CESLAS SPICQ, op. cit., p. 1411