Appelés à faire grandir une culture de la Miséricorde
Une culture de la miséricorde, fondée sur la redécouverte de la rencontre des autres
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19. De nombreux gestes concrets de miséricorde ont été posés pendant l’Année du Jubilé de la Miséricorde. Des communautés, des familles, des croyants, ont redécouvert la joie du partage et la beauté de la solidarité. Cependant, cela ne suffit pas. Le monde continue à produire de nouvelles formes de pauvreté spirituelle et matérielle qui attentent à la dignité des personnes. C’est pour cette raison que l’Église doit toujours être vigilante et prête à identifier de nouvelles œuvres de miséricorde et à les mettre en œuvre avec générosité et enthousiasme.
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Être sans travail et ne pas recevoir un juste salaire, ne pas avoir une maison ou une terre où habiter, subir des discriminations pour la foi, la race, le statut social… ces réalités, et d’autres encore, sont des conditions qui attentent à la dignité de la personne face auxquelles l’agir miséricordieux des chrétiens répond avant tout par la vigilance et la solidarité. Combien sont nombreuses les situations aujourd’hui où l’on peut rendre la dignité aux personnes et permettre une vie humaine ! Qu’il suffise de penser à de nombreux jeunes enfants qui subissent des violences de toutes sortes qui leur volent la joie de vivre. Leur visages tristes et défaits sont imprimés dans mon esprit. Ils demandent notre aide pour être libérés de l’esclavage du monde contemporain. Ces enfants sont les jeunes de demain. Comment les préparons-nous à vivre de façon digne et responsable ? Avec quelle espérance peuvent-ils affronter leur présent et leur avenir ?
Le caractère social de la miséricorde exige de ne pas rester inertes et de chasser l’indifférence et l’hypocrisie, afin que les plans et les projets ne demeurent pas lettre morte. Que l’Esprit Saint nous aide à être toujours prêts à offrir notre participation de manière active et désintéressée, afin que la justice et une vie digne ne demeurent pas des paroles de circonstance, mais marquent l’engagement concret de celui qui veut témoigner de la présence du Royaume de Dieu.
20. Nous sommes appelés à faire grandir une culture de la miséricorde, fondée sur la redécouverte de la rencontre des autres : une culture dans laquelle personne ne regarde l’autre avec indifférence ni ne détourne le regard quand il voit la souffrance des frères.
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« Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous » (Jn 12, 8), dit Jésus à ses disciples. Aucun alibi ne peut justifier un désengagement lorsque l’on sait qu’il s’est identifié à chacun d’eux.
La culture de la miséricorde s’élabore dans la prière assidue, dans l’ouverture docile à l’action de l’Esprit, dans la familiarité avec la vie des saints et dans la proximité concrète des pauvres. C’est un appel pressant à ne pas mal interpréter où il est déterminant de s’engager. La tentation de faire la « théorie de la miséricorde » est surmontée dans la mesure où celle-ci est notre vie quotidienne de participation et de partage. Nous ne devrons d’ailleurs jamais oublier les paroles de l’apôtre Paul racontant sa rencontre avec Pierre, Jacques et Jean, après sa conversion : il met en relief un aspect essentiel de sa mission et de toute la vie chrétienne : « Ils nous ont seulement demandé de nous souvenir des pauvres, ce que j’ai pris grand soin de faire » (Ga 2,10). Nous ne pouvons pas oublier les pauvres : c’est un appel plus que jamais d’actualité et qui s’impose dans son évidence évangélique.
Extraits de « La Miséricorde contre la misère », Pape François, 20 novembre 2016