La Miséricorde, un mot riche de sens
S. Augustin, W. Shakespeare, Fanny au 21e siècle, et bien d’autres…
Ces brefs textes qui sont proposés constituent une sorte de kaléidoscope permettant de saisir la richesse du mot miséricorde.
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La miséricorde est « une compassion du cœur (cor en latin) pour une misère d’autrui qui nous pousse absolument à lui porter secours, si nous le pouvons ».
S. Augustin (354 – 430), La Cité de Dieu, IX, 5
La miséricorde est le propre de Dieu dont la toute-puissance consiste justement à faire miséricorde.
S. Thomas d’Aquin (1225 – 1274)
« La miséricorde n’est pas une obligation. Elle descend du ciel comme la fraîcheur de la pluie sur la terre. Elle est une double bénédiction : elle bénit celui qui la donne et celui qui la reçoit »
William Shakespeare (1564 – 1616), Le Marchand de Venise, Acte 4, Scène 1
La Miséricorde est comme un torrent débordé. Elle entraîne les cœurs sur son passage.
S. Jean Marie Vianney, curé d’Ars (1786 – 1859)
Miséricorde remplacer ce qui manque c’est-à-dire réparer. Donner, soigner, panser corps et âmes. Nous devons aux corps qui nous sont confiés leur maximum d’ordre. Nous devons aux âmes tout ce que nous devons de lumière. Nous devons à tout être un maximum d’amour complet : humain et divin. C’est le service par excellence.
Madeleine Delbrel, (1904 – 1964), poète, mystique, assistante sociale à Ivry sur Seine (Dpt 94)
La miséricorde, c’est le sceau de l’alliance de Dieu avec la création, il s’agit de multiplier au passage les fontaines de miséricorde.
S. Christian de Chergé (1937 – 1996)
La vérité de Dieu est toujours miséricorde parce qu’elle est sans complicité avec le mal, entendez qu’il n’y a plus de mensonge ni d’apparence ; il n’y a que la vérité et la réalité.
La réalité, c’est l’immensité de l’amour de Dieu qui veut nous pardonner car Il veut notre vie, il veut que nous vivions ; et c’est la pauvre liberté blessée et chancelante de ses créatures qu’il aime et qu’il appelle. Reste toujours l’impondérable d’une liberté humaine – la nôtre – qui peut toujours se dérober, tourner le dos à Dieu, refuser son amour.
Cal Jean-Marie Lustiger, extrait de l’homélie à l’occasion de la 3ème journée Mondiale des Malades, le 11 février 1995
La Miséricorde est le nom le plus fréquemment utilisé pour désigner la qualité proprement divine de l’amour et de l’être de Dieu
Bernard Bro, o.p. (1925 – 2018), Le pouvoir du mal, éditions du Cerf, 1976, p. 255
Le Christ est lui-même, en un certain sens, la miséricorde. Pour qui la voit et la trouve en lui, Dieu devient « visible » comme le Père « riche en miséricorde »
S. Jean-Paul II, Dieu riche en miséricorde, n° 13, 30 novembre 1980
La Miséricorde est le diapason de tous les mouvements de l’Eglise. Rien de fade, rien de mièvre en elle : il faut au contraire, une âme ferme et déterminée pour en vivre, car si elle est une compassion envers celui qui souffre, elle est tout autant une insurrection contre le malheur ou l’injustice qui l’opprime.
Mgr Jean-Louis Bruguès, o.p., Angers, 5 mai 2002
La Miséricorde de Dieu trouve son reflet dans la miséricorde des hommes.
S. Jean-Paul II, Discours lors du voyage apostolique, vendredi 16 août 2002, Cracovie
La limite imposée au mal, dont l’homme est l’auteur et la victime, est en définitive la Divine Miséricorde
S. Jean-Paul II, Mémoire et identité, 3 mars 2005, éditions Flammarion, p. 71
La Miséricorde, c’est le feu ! Recevoir en vérité la Miséricorde, c’est nous laisser illuminer et purifier, guérir et transformer selon l’appel de Dieu à la vie. La miséricorde de Dieu rétablit la vérité et la justice entre les hommes.
P. Jean-Claude Sagne, o.p., février 2008
La miséricorde est en réalité le noyau central du message évangélique, c’est le nom même de Dieu, le visage par lequel Il s’est révélé dans l’ancienne Alliance et pleinement en Jésus Christ, incarnation de l’Amour créateur et rédempteur.
Pape Benoît XVI, Angélus, Castelgandolfo, 30 mars 2008
La Miséricorde divine, mise en lumière d’une manière nouvelle par le magistère de Jean-Paul II, est « universelle » (…) « L’amour miséricordieux de Dieu s’offre à la créature, quels que soient son histoire, ses erreurs, ses péchés. L’homme est appelé à s’en remettre à Dieu dans une grande confiance filiale et à exercer la miséricorde. (…) La Miséricorde est l’une des forces les plus puissantes pour aider l’homme à se détourner du mal, à réparer les injustices, à restaurer les liens qui ont été brisés, à instaurer la paix.
Cal Philippe Barbarin, extrait de la revue Sources, avril 2010, p. 9
La miséricorde n’est, en aucun cas, un laisser faire devant l’injustice ou la violence. La miséricorde n’est pas du tout une sensiblerie compatissante qui effacerait le mal ; elle est un accomplissement et un au-delà de la justice et la réparation du pardon. La Miséricorde est une compassion devant les blessures du mal moral ou physique et un désir de le surmonter ou du moins de lui mettre une limite. Elle est la force de la vérité et de l’amour qui s’oppose au mal et cherche à le vaincre par le bien (cf. Romains 12, 17.21). Ce n’est pas vivre, disait Benoît XVI, « comme si le bien et le mal était égaux sous prétexte que Dieu ne peut être que miséricordieux. Ce serait là une tromperie » (Audience du 12 novembre 2008).
Mgr Albert-Marie de Monléon, o.p., Jean-Paul II et la Miséricorde, site-web conférence des évêques de France, avril 2011
Miséricorde est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité. La Miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre. La Miséricorde, c’est la loi qui fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites du péché.
Pape François, Le Visage de la Miséricorde, n° 2, 11 avril 2015
La Miséricorde est « l’expression de l’être même de Dieu qui est Amour », qui « exprime l’être de Dieu qui se penche avec bienveillance sur les hommes et sur le monde »
Cal Walter Kasper, La Miséricorde, c’est quoi ?, La Croix, 11-12 avril 2015, p. 11
« En reprenant ce qu’en disaient Sœur Faustine et Jean-Paul II, je vois la Miséricorde, comme l’amour en acte pour mettre un arrêt au mal. C’est loin d’être quelque chose de lénifiant : cela implique qu’on s’engage ». « C’est le bon samaritain qui se bouge pour venir en aide à celui qui est tombé aux mains des brigands » avec la dimension de l’annonce de la Parole : ‘Pris aux entrailles’ pour la foule, Jésus se mit d’abord à ‘l’enseigner longuement’, avant de la nourrir ».
Mgr Albert-Marie de Monléon, La Miséricorde, c’est quoi ? , La Croix, 11-12 avril 2015, pp. 11-12.
La Miséricorde est un voyage qui va du cœur aux mains
Pape François, 8 octobre 2016
Finalement, la Miséricorde n’est pas un si grand mot. Au quotidien elle peut se vivre en se donnant simplement, en étant ouvert, en confiant les choses à l’amour du Christ. Il faut avant tout s’accepter soi, avec ses erreurs, et l’amour de Dieu, en ce sens, est un réconfort. La miséricorde, c’est aussi accepter ce que l’on peut faire et ce que l’on ne peut pas faire.
Fanny, 25 ans, 2016